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Interview JEff DUBOIS, Hors cadre (Magazine Vestiaires du FCG)

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IMG_20251205_201842.jpgJeff Dubois, hors cadre (Interview parue dans "Vestiaires")​


Jean-Frédéric Dubois, surnommé Jeff, est depuis quelques semaines le nouvel entraîneur principal du FCG. II apporte avec lui une philosophie de jeu bien affirmée, basée sur l'initiative et l'adaptation, offrant une grande liberté aux joueurs.

Il nous partage les principes qui le guident et sa volonté de faire grandir le FCG.​


Comment le rugby est-il entré dans votre vie?

Jeff Dubois:
Très tôt, forcément, puisque je suis Landais. Je suis le dernier d'une famille de quatre enfants, dont deux grands frères. La maison familiale était juste à côté du terrain, alors disons que je suis tombé dedans comme Obélix dans la marmite! (rires) Mes frères jouaient déjà au rugby, j'étais systématiquement aux entrainements, je les suivais partout, je baignais dans le rugby, je n'ai pas vraiment eu le choix, mais J'ai tout de suite accroché.

Comment s'est faite la bascule vers le professionnalisme?

Jeff Dubois:
Tard. J'appartiens à une génération qui a connu la transition entre l'amateurisme et le professionnalisme. J'ai longtemps joué dans mon club d'origine, le Peyrehorade Sports, qui évolue aujourd'hui en Fédérale. Un club mythique, formateur. Nous avons vu passer pas mal de bons joueurs: Titou Lamaison, Julien Peyrelongue... Une année, nous nous sommes même retrouvés tous les trois en équipes de France (France, France A et U20). J'ai quitté Peyrehorade à 23 ans, pour rejoindre Dax, qui jouait alors en Top 16. Avant cela, j'avais déjà fait toutes mes classes à Peyrehorade, des jeunes jusqu'à l'équipe première. J'ai commencé en première à 18 ans, à l'époque de la Deuxième Division. Nous avons été champions de France cette année-là, avec mon père comme président et mon frère comme co-équipier au centre. Nous avions même battu le Stade Français en demi-finale. C'était en 1994 lorsque Max Guazzini a repris le club et l'a fait monter de division en division. à l'époque, c'était mon frère ainé qui était entraineur du Stade Français. Une belle histoire de famille !

Devenir entraîneur a-t-il de naturel?

Jeff Dubois: Pas du tout ! Je n'avais pas du tout prévu d'entrainer. Quand j'ai arrêté de jouer, le club de Massy est venu me chercher pour prolonger un peu ma carrière, j'ai dit non. Puis, ils sont revenus pour que je les rejoigne comme entraîneur, j'ai encore dit non. À ce moment-là, je préparais ma reconversion: je montais une société d'externalisation de la paie avec deux amis. Mais ce projet a mis du temps à se mettre en place. Aussi, quand Massy est revenu à la charge en me demandant de donner un coup de main au centre de formation, d'abord sur le jeu au pied, puis sur les trois-quarts, je me suis laissé tenter. Comme j'étais encore à Paris pour des raisons familiales, je l'ai fait un peu pour rendre service. Et puis, de fil en aiguille, j'y ai pris goût. J'ai pris la direction du centre de formation, puis la responsabilité des trois-quarts de l'équipe première. C'est vraiment à ce moment-là que je me suis découvert une vocation.

Vous étiez demi d'ouverture. Cette position vous a-t-elle aidé à devenir entraîneur?

Jeff Dubois:
Forcément. À mon époque, il n'y avait pas tous les outils d'analyse dont nous disposons aujourd'hui. Le jeu se construisait beaucoup autour de la charnière, de la lecture des situations. Le 9 et le 10 étaient très décisionnaires. Cette habitude de lire le jeu, d'anticiper, m'a servi ensuite comme entraîneur. C'est encore aujourd'hui un aspect essentiel de ma façon de travailler: s'adapter, observer, comprendre ce que propose l'adversaire.

On parle souvent de "philosophie de jeu". Que cela signifie-t-il pour vous?

Jeff Dubois:
C'est un mot qu'on utilise beaucoup, mais pour moi, c'est une vraie ligne directrice. Bien sur le but est de gagner et, parfois, il faut savoir gagner moche (rires) Mais je crois qu'on peut aussi gagner en développant du jeu, en déplaçant le ballon, en créant du mouvement. C'est ce que j'ai appris à Toulouse avec Guy Novés : "Déplacer la cible". Partout où je suis passé, à Dax, à Peyrehorade, le jeu des trois quarts a toujours eu une place importante. J'aime ce rugby vivant, qui s'adapte à la défense, qui lit les situations plutôt qu'il ne suit un plan figé. Et je suis convaincu qu'on peut gagner en tenant le ballon, pas seulement en profitant des fautes adverses.

Comment transmettez vous cela aux joueurs?

Jeff Dubois:
C'est une culture, un enjeu qu'il faut mettre en situation des l'entrainement. J'essaie de multiplier les séquences où les joueurs doivent prendre des décisions, s'adapter afin de développer leur lecture du jeu. A Grenoble, j'ai repris un projet de jeu qui n'est pas le mien, mais qui fonctionnait bien. Donc je m'adapte. Je garde la base, mais je glisse peu à peu mes principes, par le travail vidéo, les entretiens individuels, les petits ajustements. L'idée en de faire grandir la capacité des joueurs à lire, comprendre et oser.

Justement, oser, c'est aussi accepter de sortir du cadre …

Jeff Dubois:
C'est vrai. Certes, avoir un plan de jeu rassure. Mais honnêtement, tout ce que j'ai vu depuis que je suis arrivé me rassure. Il y a un bon groupe, de la qualité. À la mi-temps contre Carcassonne, par exemple, j'ai demandé aux gars d'essayer quelque chose que nous n'avions pas travaillé. Ils l'ont fait et cela a marché. C'est la preuve qu'ils ont cette intelligence là. Je pense qu'il faut y aller progressivement, par petites touches. Et plus on avance, plus on voit que ce groupe est capable de sortir du cadre, d'improviser quand il le faut. Il y a des matchs où il faudra taper dix fois au pied, parce que la situation le demande, d'autres où il faudra tout jouer à la main. C'est un rugby d'adaptation, pas une volonté unique de produire du jeu. Je pense que cela va prendre un peu de temps, mais je crois que notre effectif est fait pour jouer ce rugby là.

Quel rapport entretenez vous avec vos joueurs?

Jeff Dubois:
Je ne cherche pas à jouer un rôle, j'essaie d'être dans l'échange et la communication. Je ne force jamais les choses. Je suis quelqu'un d'entier. Je crois à l'empathie. Les joueurs le sentent. Je n'ai pas besoin de créer artificiellement de la proximité, elle vient naturellement. Ce que j'aime, c'est discuter avec eux, apprendre d'eux. Ce sont eux qui sont sur le terrain. J'aime confronter leurs ressentis à ma vision. C'est comme cela qu'on avance ensemble. J'ai vraiment été très bien accueilli par le groupe, malgré le fait qu'ils étaient très attachés à Nicolas Nadau.

L'équipe de Grenoble est jeune. Avez-vous vu évoluer les nouvelles générations depuis que vous entraînez?

Jeff Dubois:
Clairement. Au début, j'avais le sentiment que les jeunes savaient tout sur tout et qu'on ne pouvait plus rien leur dire. (sourire) Mais aujourd'hui, c'est très différent: ils écoutent, ils travaillent énormément. Ils savent que pour percer, il faut bosser, répéter, se perfectionner. Quand j'étais gamin, mon père avait créé une section rugby au collège. Nous nous entrainions tous les jours, nous faisions des cen-taines de passes par semaine. Le secret, c'est le travail et cela vaut à tout âge. J'ai progressé au pied à 30 ans, en apprenant à utiliser le droit! (rires) On peut toujours s'améliorer. Aujourd'hui, tout s'est professionnalisé. Mais le joueur pro est toujours celui qui en fait plus, et je pense que les jeunes l'ont intégré.

La formation est au cœur du projet du FCG. Comment trouvez-vous l'équilibre entre résultat et développement des jeunes?

Jeff Dubois:
Ce n'est pas toujours simple, mais j'ai toujours eu l'habitude d'intégrer les jeunes qui le méritent. Avec les entraineurs des Espoirs, Franck Corrihons et Guillaume Cognard, nous échangeons beaucoup. Il y a de très bons éléments, des jeunes de 17 ou 18 ans qui ont de la qualité. Et. à côté, nous avons une génération ayant autour de 25 ans qui est encore jeune, mais déjà expérimentée. Grenoble a toujours eu une vraie culture de formation. Nous avons une quinzaine de joueurs de l'effectif pro qui sont issus de cette formation. C'est une richesse. Ils vont apporter une concurrence saine, pousser les autres à monter le curseur. Faire grandir les siens, c'est ce que font tous les grands clubs, comme Toulouse. Nous devons tendre vers cela aussi.

Le métier d'entraîneur, c'est beaucoup de pression. Comment la vivez-vous?

Jeff Dubois:
C'est une pression qu'il faut accepter. Je la garde pour moi, j'essaie de ne pas la faire subit, ni à ma famille, ni à mes joueurs. C'est un métier dur, parce qu'on veut construire dans la durée, mais qu'on n'a pas toujours le temps. Pourtant, pour qu'un projet prenne forme, il faut du temps et de la confiance. Moi, j'arrive dans un contexte particulier, en cours de saison, dans un club qui doit jouer les premiers rôles. C'est la première fois que cela m'arrive. Il faut aller vite. Ce n'est pas évident, mais c'est aussi ce qui rend ce métier passionnant. Je prends du plaisir à entraîner. Il faut se nourrir de cette pression pour la transformer en passion.

Le contexte est quand même particulier...

Jeff Dubois:
Bien sûr. Mon premier match à la maison, contre Carcassonne, m'a forcément questionné. J'ai envisagé tous les scénarios. le me suis demandé quel ressort j'allais pouvoir trouver si l'on perdait. Mais dès que le match a débuté, j'étais dans l'analyse, la stratégie. Dès les premières actions. dès les premières attitudes des joueurs, je n'étais plus du tout inquiet.

Quelle image avais-tu de Grenoble avant d'arriver?

Jeff Dubois:
Celle d'un grand club de Pro D2, taillé pour le Top 14. Il y a tout ici: le stade, les structures, le public. Le Stade des Alpes est vraiment magnifique. C'est un club qui a souvent fait l'ascenseur, mais qui a les moyens et la légitimité pour s'installer durablement en haut. C'est ce qui m'a plu. cette idée de faire partie d'un club qui peut et veut grandir.
 
Belle interview. Merci Bada. Dubois paraît sincère et très lucide sur la situation du FCG. Il a une vision du management et du jeu qui paraît bien réfléchie.
 
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