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Interview RUCK ZONE : Aubin Hueber (Grenoble) : « Les dieux de l’ovalie ont décidé que ce n’était pas pour nous »

badabugs

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25 Mars 2021
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View: https://www.youtube.com/watch?v=BVqq1ta8vic&ab_channel=RuckZone



Pour Grenoble, le contenu des saisons diffère mais l’épilogue demeure fatalement le même depuis 3 ans. Cette année encore, le FCG s’est hissé jusqu’en finale, plus autoritairement encore que les deux fois précédentes, mais s’est encore planté à deux mètres du bol de sangria, d’abord en finale contre Montauban (24-19) puis lors d’un access match étouffant la semaine suivante au stade des Alpes face à Perpignan (13-11).

Programmé pour monter en Top 14, le club isérois se retrouve une nouvelle fois meurtri. Pour Ruck Zone, son directeur du rugby Aubin Hueber a accepté de mettre des mots sur cette douleur, à la fois lucide et porteur d’un discours d’espoir pour de meilleurs lendemains.


Quel est le sentiment qui domine après cette saison régulière très réussie mais aussi cet échec cuisant en phase finale ?

C’est vrai qu’on a ce sentiment d’un travail bien accompli jusqu’à la demi-finale contre Provence Rugby qui a été assez bien maîtrisée. Pour tout ça, on est très fiers mais on n’a pas été complétement au bout. Il a manqué la cerise sur le gâteau avec la montée, que ce soit accompagnée d’un titre lors de la finale ou sans lors de l’access. On garde donc un petit goût amer au fond de la bouche.


Peux-tu nous raconter ce moment de détresse qui a suivi le coup de sifflet final de l’access match ?

Les familles entrent sur le terrain, les joueurs sont tristes et abattus et il y a ce moment où on ressent comme une chape de plomb qui te tombe dessus. Depuis que je suis à Grenoble, c’est pour moi la deuxième fois mais certains joueurs qui sont là depuis plus longtemps vivent ça pour la troisième fois. Soit six matchs vécus avec cette dramaturgie terrible. Je tire quand même un coup de chapeau aux joueurs qui ont été chercher un supplément d’âme après la finale perdue pour se relever et jouer cet access contre une équipe de Top 14 qui venait de mettre 40 points au Stade toulousain. Ils sont allés chercher des vertus qui font la force de ce groupe.


Un groupe qui était aussi finaliste l’an dernier mais que tu n’as pas hésité à bousculer l’été dernier…

On avait pris cette décision avec le président Patrick Goffi de sortir 15 à 20 mecs de l’effectif car on considérait qu’ils ne pouvaient pas continuer l’aventure avec nous, pour diverses raisons. On nous a tous pris pour des fous, on nous a dit qu’on mettait le club en l’air, qu’on faisait n’importe quoi… Nous, on a juste répondu : « Ok, on ne connait pas trop le rugby mais on va essayer quand même d’être pertinents ». Dans notre recrutement, on a voulu recruter des bons joueurs mais avant tout des bons mecs, avec des valeurs qu’on espérait amener à ce club.

Le traumatisme inconscient des deux dernières finales perdues​


Au final, cette stratégie risquée a failli payer…

Cela a failli passer, c’est le mot mais c’est la réalité du sport de haut niveau. Après, bien-sûr qu’il faut assumer tout ce qu’il s’est passé l’an dernier, tout ce qu’il a fallu faire pour recréer un groupe. On avait aussi pris le parti avec le président de couper avec les habitudes des stages de pré-saison, qui se faisaient jusque-là à Tignes en changeant complétement de décor du côté de Calvi en Corse. On avait aussi beaucoup travaillé sur la thématique des 80 ans de la Libération et sur cette résilience de la résistance qui était forte ici dans le Vercors. Tout le monde s’est ainsi senti très concerné et concentré sur cette saison qui n’était pas évidente au départ.

Après coup, n’êtes-vous pas tombé dans le piège de vous sentir trop favoris en finale contre Montauban ?

J’ai justement rediscuté avec les joueurs après l’access match. J’avais senti avant la demi-finale contre une peur chez les joueurs, de se dire qu’ils pouvaient très bien perdre ce match d’autant plus que Provence Rugby avait annoncé partout qu’ils étaient revanchards. Ce stress avait engendré une concentration extrême toute la semaine avant le match, chose que j’ai moins senti avant Montauban. On était bien, en confiance, sûrs de notre rugby… mais quand on voit nos premières actions lors de cette finale – un ballon tombé, une touche perdue – c’était des petits signes qui faisait comprendre que ce n’était pas le même jambon.

N’est-ce pas la démonstration la plus parlante que l’aspect mental est prépondérant lors d’une finale ?

Évidemment ! Et tu ne joues pas stratégiquement une finale comme un match de saison régulière. Sur cette finale, pour certains joueurs qui ont connu les deux échecs précédents, je pense aussi qu’il y a eu ce syndrome, quand Montauban marque le drop juste avant la mi-temps, de se dire inconsciemment : « Punaise on va encore la perdre! ». Il n’y a pas eu d’affolement non plus, car on est revenu dans la partie, mais ce n’était pas encore assez précis pour espérer gagner cette finale.

« On se demande comment on peut oublier ça alors que c’est la règle »

On revoit tous cette terrible pénalité à 5 mètres mal jouée à la main à 5 minutes de la fin…

Tu me parles de cette action, elle est irrationnelle ! ça ne s’explique pas. On est autant triste pour Eli Eglaine, qui a omis de taper le ballon, que pour nous. Mais surtout pour lui car c’est un geste dont il se rappellera toute sa carrière. D’autant plus que c’est quelque chose qu’on avait montré à la vidéo car l’arbitre Luc Ramos nous avait déjà signalé que sur une pénalité jouée à la main, il fallait taper le ballon. On se demande comment on peut oublier ça alors que c’est la règle ! C’est pour ça qu’une finale est un match à part.

Mais encore ?

Tu fais ça lors d’un match de saison régulière…bon. Mais là, à 5 minutes de la fin, c’est une balle de finale que tu laisses passer, un peu comme on l’a vu lors de la dernière finale à Roland-Garros en tennis (Jannick Sinner face à Carlos Alcaraz ndlr). L’Italien a eu trois balles de match sur son service, il aurait pu mettre un ace mais il a eu le bras qui tremble et ne l’a pas fait. Cela a été la même chose pour nous, sur une situation de jeu qui nous a pas mal souri durant la saison. Que s’est-il passé ? Disons que les dieux de l’ovalie ont décidé que ce n’était pas pour nous. Et il faut aussi tirer un coup de chapeau à Montauban, qui jouait l’an dernier l’access match de la descente, qui a terminé sixième et qui a connu l’embellie. Quand tu bats en phase finale le troisième et le deuxième de la saison régulière chez eux et le premier en finale, ce n’est pas un hasard. Bravo à eux et à leur coach Sébastien Tilllous-Borde, que j’avais fait signer à Toulon lorsqu’il était joueur (en 2011).


Vu le passé récent grenoblois, quels ont bien pu être les leviers du staff pour remobiliser les troupes pour l’access match ?

On avait dormi une nuit de plus à Toulouse, on a laissé le lundi aux joueurs et on n’a même pas débriefé la finale. Cela ne servait à rien de leur remontrer les images et les erreurs commises. Il fallait tout de suite switcher sur l’access match contre l’USAP, chose que le staff a très bien su faire. On devait s’entraîner le mardi et le mercredi, mais on a senti que les corps étaient encore fatigués et on a également laissé aux joueurs le mercredi. On leur a laissé reprendre de l’énergie physique et mentale.


« J’ai dit aux gars de se vider la tête, de profiter des proches et des potes et de couper les téléphones »

Perpignan a remporté l’access match sur une pénalité récupérée sur une mêlée dont vous aviez l’introduction à 4 minutes de la fin. Comment as-tu vécu ce basculement ?

On n’a pas de chance car un peu avant, notre pilier Tommy Raynaud s’est cassé le bras et Zack Gauthier, qui a fait une très belle finale a dû rerentrer alors qu’il était un peu épuisé. Là encore, je crois beaucoup au destin et ce n’était tout simplement pas pour nous. Les dieux de l’ovalie ont choisi Montauban puis l’USAP, pas nous. Cela fait mal mais on est obligés de l’accepter.

Vu votre saison, n’avez-vous pas le sentiment cette année plus encore que les autres d’avoir gâché une chance immense ?

C’est ce qui fait aussi la beauté du sport. Tu es triste quand tu perds et c’est en même temps tellement joyeux pour les autres. Être champion de France et monter en Top 14, c’est un bonheur ! Je l’ai connu avec Toulon en 2005 à Mayol lorsque j’entraînais avec Thierry Louvet. Ce sont des moments extraordinaires…quand tu gagnes. Quand tu perds, ce sont des moments très tristes, que tu partages ou pas mais qu’il faut quoiqu’il arrive évacuer. J’ai échangé avec le président et la cellule médicale du club pour qu’on fasse venir un préparateur mental, peut-être un psychologue. A minima mettre un outil pour les joueurs s’ils en ont envie ou besoin.

Votre double échec a eu le mérite de relancer le début sur l’opportunité de laisser de nouveau monter directement le champion de Pro D2. Y es-tu favorable ?

Je représente le FCG à la LNR et je vais l’évoquer en effet car c’est frustrant. Ceux qui sont contre auront sûrement des arguments, mais autant en Top 14 désigner champion le premier serait compliqué mais je crois que ce serait possible en Pro D2. Je l’ai connu en 2005 avec Toulon et j’estime que le premier devrait être champion et monter directement et il y aurait ensuite des phases finales du deuxième au cinquième avec demi-finales, finale et le vainqueur de la finale jouerait le treizième de Top 14. Je pousserai cette proposition.

Comment repartir après tout ça ?

On a fait une soirée avec les joueurs et les familles et j’ai dit aux gars de se vider la tête, de profiter des proches et des potes et de couper les téléphones. Profitez et revenez avec les poumons gonflés et le cerveau bien équilibré. Le staff aussi a besoin de se reposer, de prendre du recul, de lâcher prise et de revenir regonflé à bloc. C’est notre métier qui veut ça.
 
Toujours surpris par le ton d'Hueber quand on perd : c'est la beauté du sport, les dieux de l'ovalie, comme si le sport de haut niveau, ça se jouait sur le facteur chance... Y'a un côté défaitiste/fataliste qui me déplaît un peu. Je vais pas revenir sur les 2 finales précédentes mais la dernière, on la perd à cause de nous.

Aujourd’hui, rien n'est laissé au hasard dans le sport... On travaille les phases offensives, défensives, les compos, on étudie nos adversaires, on a des datas de partout pour justement identifié les ponts forts et faibles des joueurs, des équipes.... Et quand je vois notre match, les manquements ont été nombreux. Je veux incriminer personne sur le terrain, parce que les erreurs ont été trop nombreuses : pourquoi autant de de déchets sur ces 2 matchs ? Comment on fait pour ne pas tuer Montauban en fin de match alors qu'ils sont cuits de chez cuits...

Je sais pas, pour moi, la chance ou les dieux de l'ovalie n'ont rien à voir dans ces 2 échecs...

Le discours d'Aubin est sans doute aussi là pour ne pas tirer sur l'ambulance mais j'aurais espéré une analyse un peu plus poussée...
 
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