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- 25 Mars 2021
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La journaliste de France Télévision a eu la gentillesse d'accepter d'échanger avec nous sur l'équipe de France de rugby féminin, la coupe du monde 2025, le Tournoi des 6 Nations et bien entendu sur nos Amazones.
Journaliste à France Télévision, Inès Hirigoyen suit de très près l’équipe de France féminine depuis 2020. Originaire de « Saint Jean de Luz et de Tarbes », elle y tient, elle est spécialiste du rugby et du rugby des filles en particulier « je dis équipe de France féminine c’est vrai, mais quand je parle des garçons, je dis équipe de France masculine, comme cela on sait de qui on parle et tout le monde est content » nous dit-elle d’entrée.
L’équipe de France féminine, donc, attaque le Tournoi des 6 Nations, cet après-midi à 15h15 et ce sera devant les caméras de France Télévision et Inès sera sur le bord de la pelouse comment elle en a pris l’habitude depuis 2 ans maintenant : « au départ, il n’y avait que les matchs des bleues qui étaient retransmis et sur les matchs à l’extérieur, il n’y avait que les commentateurs qui se déplaçaient. Depuis 2 ans, tous les matchs sont retransmis sur nos antennes, et je suis présente même à l’extérieur » expose Inès, les horaires en après-midi, sont pour moi les bons. Je ne suis pas certaine que des matchs en prime-time aient le même impact en termes d’audience. Il faut aussi que le grand public s’habitue à voir du rugby joué par les filles ». La médiatisation du rugby féminin est de plus en plus présente notamment à la télévision. « Lors de la dernière Coupe du Monde, TF1 a mis les moyens, poursuit Inès, il y avait un magasine certes diffusé très tôt le matin, mais avec des spécialistes, des anciennes joueuses et cela a apporté de la crédibilité. »
Inès Hirigoyen, spécialiste du rugby sur France Télévision, participe à Stade 2 le dimanche soir
Alors, cela avance avec l’équipe de France en vitrine, mais qu’en est-il de championnat ? Les bleues remplissent les stades, la ferveur est palpable mais le championnat Elite 1 souffre d’un manque de visibilité criant. Peu de monde se retrouvent dans les tribunes les week-ends lors des rencontres de championnat. Malgré tout, il y a du progrès : il y a quelques semaines, L’AS Clermont-Romagnat à reçu le Stade Bordelais (Champion de France en titre) sur la pelouse du stade Marcel Michelin, avec le record de spectateurs à la clé : 6025 personnes ont garni les tribunes. Une première en France ! « ça progresse et c’est très bien, analyse Inès Hirigoyen, d’ailleurs à France Télé on y participe ! Jean Abeillhou dans le magazine Rencontres à XV sur France 3, met les filles en avant depuis déjà longtemps. A chaque fois que je propose un sujet sur les filles, Jean est preneur. C’est important aussi d’avoir des personnes comme lui pour booster le rugby au féminin ». Malgré cela aucun diffuseur ne se positionne « et c’est dommage, déplore Inès, cela dit je pense que la fédération, les clubs et nous les médias, avons chacun notre part de responsabilité. Si on veut aller plus loin, cela reflète aussi la place de la femme dans la société. Mais cela avance et j’espère que cela va continuer ».
Et quand on parle d’évolution, on ne peut pas ne pas évoquer la technicité et la puissance physique des joueuses. Ces dernières sont de véritables athlètes. Le public le voit bien et s’en rend compte « mes amis suivent le rugby féminin et s’intéressent aux résultats, continue Inès, et je peux vous dire que lorsqu’ils voient évoluer des Gabrielle Vernier ou des Manae Feleu, ils se rendent bien compte que ces filles ne sont pas des débutantes et peu voudrait se retrouver en face d’elles sur un terrain ».
Être de véritables athlètes, c’est grâce aux entrainements en grande partie. Pour bien s’entrainer, il faut être disponibles et en France, contrairement à l’Angleterre, les joueuses ne sont pas professionnelles. Beaucoup sont étudiantes et d’autres travaillent. En équipe de France, la FFR a mis en place des contrats pour les internationales qui leur permet de se consacrer un peu plus au rugby. En club, la présidente du Stade Villeneuvois, a mis en place des contrats de travail pour certaines de ses joueuses. L’évolution passe aussi par la possibilité de laisser les filles s’entrainer régulièrement et dans de bonnes conditions. A Grenoble, les Amazones bénéficient de la salle de musculation des garçons mais ne peut offrir la possibilité aux joueuses de s’entrainer plusieurs fois par jour non pas par volonté mais parce que les filles ont une activité la journée. Sans contrat et sans rémunération, il faut bien « vivre » et donc travailler ou faire des études. Il y a des entreprises qui jouent le jeu en acceptant de libérer les joueuses un peu plus tôt parfois, comme le disait Juliette Blouin dans une interview réalisée par le FCG Amazones, où les Universités avec le statut de sportif de haut niveau permettant aux joueuses d’avoir un aménagement particulier comme c’est le cas de Mane Feleu, étudiante en médecin à l’Université Grenoble Alpes. « C’est une véritable évolution pour ne pas dire révolution que la FFR propose des contrats aux joueuses, analyse Inès, si elles se blessent elles continuent de percevoir un salaire ce qui est important pour le côté sécurité, elles sont protégées et elles cotisent. Malgré tout cela ne concerne que 30 à 40 joueuses en fonctions des années. C’est encore trop peu. Pour les autres joueuses il n’y a pas de véritables solutions. Laura Di Muzio la président du stade Villeneuvois a commencé à proposer des contrats. Par exemple une de ses joueuses qui a 33 ans et qui est Assistante Sociale s’est vu proposer un contrat. Cela fait du bien quand tu t’es fait toute ta journée de boulot et que tu pars aux entrainements de pouvoir avoir une rémunération complémentaire. C’est un bon début. Le Stade Toulousain arrive en mettre en place des entrainements en journée, c’est top aussi. Cependant, les plus petits clubs ont plus de difficultés dans ce domaine, c’est une certitude ».
Aujourd’hui, c’est le Tournoi qui débute avec une équipe de France ambitieuse et rajeunie. Nos Amazones sont fièrement représentées avec 6 joueuses sélectionnées et ça fait du bien. « Oui, je trouve ça chouette que plusieurs clubs soient représentés en EDF, nous dit Inès, Toulouse, Bordeaux, Blagnac, Rennes, Montpellier et donc Grenoble pour les principaux. Cela permet aussi de médiatiser le rugby féminin : les meilleures joueuses françaises ne sont pas forcément issues des mêmes clubs que les garçons. On met un focus sur des clubs dont on parle peu ou moins chez les garçons. A France Télé on adore donner les noms des clubs, Jean Abeilhou est un spécialiste en la matière. »
« Les coachs préparent la coupe du monde 2025. Ils ont changé la capitaine, Manae a l’étoffe pour ce poste. Léa Champon est arrivée dans cette équipe. Les coachs ont vision sur le long terme ce qui n’a pas toujours été le cas en EDF. Cela amène de la confiance pour certaines joueuses. Par exemple Alexandra Chambon. Sur le Women XV je l’ai trouvé beaucoup plus libérée, elle s’est montrée comme une véritable leadeuse. Elle a eu du temps de jeu et elle l’a très bien exploité. »
Un tournoi de préparation pour la Coupe du Monde 2025 mais une compétition quand on la joue c’est pour la gagner. Cela passera par une victoire cet après-midi face à l’Irlande et pour une victoire contre notre meilleure ennemie : l’équipe d’Angleterre. Cette année c’est à Bordeaux que les françaises vont accueillir leurs homologues. Des anglaises favorites et qui font partie des 2 meilleures équipes mondiales. Un pronostic Inès, on va les battre cette année ? : « je ne me prononcerai pas ! lance la journaliste, en 2025 c’est une certitude mais cette année se sera difficile. »
Léa Champon dont nous avons parlé dernièrement sur notre site, ne sera pas de la partie sur ce 1er match, mais Inès à son avis sur la grenobloise : « quand j’ai lu votre article, je me suis dit que j’avais oublié qu’elle n’a que 20 ans. C’est une joueuse très athlétique, très rapide et qui, comme vous l’avez dit, découpe tout ce qui bouge. Je l’ai trouvé réellement solide lors du Women XV et cela dans un contexte pas facile avec une première cap, en Nouvelle-Zélande, loin de la maison. Cela promet pour 2025. Elle a encore le temps de progresser et elle sera certainement une joueuse sur qui il faudra compter. D’ailleurs, je pense la même chose de Ambre Mwayembe et d’Elisa Riffonneau qui sont des joueuses en devenir. »
L’avenir se prépare, dés maintenant, pour cette équipe de France qui vise haut et qui se donne les moyens de réussir. On a hâte de les retrouver sur la pelouse du stade Marie-Marvingt au Mans à 15h15 avec Inès Hirigoyen au cœur du match.
Propos recueillis par El_Presidente
Journaliste à France Télévision, Inès Hirigoyen suit de très près l’équipe de France féminine depuis 2020. Originaire de « Saint Jean de Luz et de Tarbes », elle y tient, elle est spécialiste du rugby et du rugby des filles en particulier « je dis équipe de France féminine c’est vrai, mais quand je parle des garçons, je dis équipe de France masculine, comme cela on sait de qui on parle et tout le monde est content » nous dit-elle d’entrée.
Inès Hirigoyen, journaliste à France Télévision : « Le grand public doit s'habituer à voir du rugby joué par les filles »
L’équipe de France féminine, donc, attaque le Tournoi des 6 Nations, cet après-midi à 15h15 et ce sera devant les caméras de France Télévision et Inès sera sur le bord de la pelouse comment elle en a pris l’habitude depuis 2 ans maintenant : « au départ, il n’y avait que les matchs des bleues qui étaient retransmis et sur les matchs à l’extérieur, il n’y avait que les commentateurs qui se déplaçaient. Depuis 2 ans, tous les matchs sont retransmis sur nos antennes, et je suis présente même à l’extérieur » expose Inès, les horaires en après-midi, sont pour moi les bons. Je ne suis pas certaine que des matchs en prime-time aient le même impact en termes d’audience. Il faut aussi que le grand public s’habitue à voir du rugby joué par les filles ». La médiatisation du rugby féminin est de plus en plus présente notamment à la télévision. « Lors de la dernière Coupe du Monde, TF1 a mis les moyens, poursuit Inès, il y avait un magasine certes diffusé très tôt le matin, mais avec des spécialistes, des anciennes joueuses et cela a apporté de la crédibilité. »
Inès Hirigoyen, spécialiste du rugby sur France Télévision, participe à Stade 2 le dimanche soir
Alors, cela avance avec l’équipe de France en vitrine, mais qu’en est-il de championnat ? Les bleues remplissent les stades, la ferveur est palpable mais le championnat Elite 1 souffre d’un manque de visibilité criant. Peu de monde se retrouvent dans les tribunes les week-ends lors des rencontres de championnat. Malgré tout, il y a du progrès : il y a quelques semaines, L’AS Clermont-Romagnat à reçu le Stade Bordelais (Champion de France en titre) sur la pelouse du stade Marcel Michelin, avec le record de spectateurs à la clé : 6025 personnes ont garni les tribunes. Une première en France ! « ça progresse et c’est très bien, analyse Inès Hirigoyen, d’ailleurs à France Télé on y participe ! Jean Abeillhou dans le magazine Rencontres à XV sur France 3, met les filles en avant depuis déjà longtemps. A chaque fois que je propose un sujet sur les filles, Jean est preneur. C’est important aussi d’avoir des personnes comme lui pour booster le rugby au féminin ». Malgré cela aucun diffuseur ne se positionne « et c’est dommage, déplore Inès, cela dit je pense que la fédération, les clubs et nous les médias, avons chacun notre part de responsabilité. Si on veut aller plus loin, cela reflète aussi la place de la femme dans la société. Mais cela avance et j’espère que cela va continuer ».
Les choses vont dans le bon sens, lentement mais surement
Et quand on parle d’évolution, on ne peut pas ne pas évoquer la technicité et la puissance physique des joueuses. Ces dernières sont de véritables athlètes. Le public le voit bien et s’en rend compte « mes amis suivent le rugby féminin et s’intéressent aux résultats, continue Inès, et je peux vous dire que lorsqu’ils voient évoluer des Gabrielle Vernier ou des Manae Feleu, ils se rendent bien compte que ces filles ne sont pas des débutantes et peu voudrait se retrouver en face d’elles sur un terrain ».
Être de véritables athlètes, c’est grâce aux entrainements en grande partie. Pour bien s’entrainer, il faut être disponibles et en France, contrairement à l’Angleterre, les joueuses ne sont pas professionnelles. Beaucoup sont étudiantes et d’autres travaillent. En équipe de France, la FFR a mis en place des contrats pour les internationales qui leur permet de se consacrer un peu plus au rugby. En club, la présidente du Stade Villeneuvois, a mis en place des contrats de travail pour certaines de ses joueuses. L’évolution passe aussi par la possibilité de laisser les filles s’entrainer régulièrement et dans de bonnes conditions. A Grenoble, les Amazones bénéficient de la salle de musculation des garçons mais ne peut offrir la possibilité aux joueuses de s’entrainer plusieurs fois par jour non pas par volonté mais parce que les filles ont une activité la journée. Sans contrat et sans rémunération, il faut bien « vivre » et donc travailler ou faire des études. Il y a des entreprises qui jouent le jeu en acceptant de libérer les joueuses un peu plus tôt parfois, comme le disait Juliette Blouin dans une interview réalisée par le FCG Amazones, où les Universités avec le statut de sportif de haut niveau permettant aux joueuses d’avoir un aménagement particulier comme c’est le cas de Mane Feleu, étudiante en médecin à l’Université Grenoble Alpes. « C’est une véritable évolution pour ne pas dire révolution que la FFR propose des contrats aux joueuses, analyse Inès, si elles se blessent elles continuent de percevoir un salaire ce qui est important pour le côté sécurité, elles sont protégées et elles cotisent. Malgré tout cela ne concerne que 30 à 40 joueuses en fonctions des années. C’est encore trop peu. Pour les autres joueuses il n’y a pas de véritables solutions. Laura Di Muzio la président du stade Villeneuvois a commencé à proposer des contrats. Par exemple une de ses joueuses qui a 33 ans et qui est Assistante Sociale s’est vu proposer un contrat. Cela fait du bien quand tu t’es fait toute ta journée de boulot et que tu pars aux entrainements de pouvoir avoir une rémunération complémentaire. C’est un bon début. Le Stade Toulousain arrive en mettre en place des entrainements en journée, c’est top aussi. Cependant, les plus petits clubs ont plus de difficultés dans ce domaine, c’est une certitude ».
Aujourd’hui, c’est le Tournoi qui débute avec une équipe de France ambitieuse et rajeunie. Nos Amazones sont fièrement représentées avec 6 joueuses sélectionnées et ça fait du bien. « Oui, je trouve ça chouette que plusieurs clubs soient représentés en EDF, nous dit Inès, Toulouse, Bordeaux, Blagnac, Rennes, Montpellier et donc Grenoble pour les principaux. Cela permet aussi de médiatiser le rugby féminin : les meilleures joueuses françaises ne sont pas forcément issues des mêmes clubs que les garçons. On met un focus sur des clubs dont on parle peu ou moins chez les garçons. A France Télé on adore donner les noms des clubs, Jean Abeilhou est un spécialiste en la matière. »
« Les coachs préparent la coupe du monde 2025. Ils ont changé la capitaine, Manae a l’étoffe pour ce poste. Léa Champon est arrivée dans cette équipe. Les coachs ont vision sur le long terme ce qui n’a pas toujours été le cas en EDF. Cela amène de la confiance pour certaines joueuses. Par exemple Alexandra Chambon. Sur le Women XV je l’ai trouvé beaucoup plus libérée, elle s’est montrée comme une véritable leadeuse. Elle a eu du temps de jeu et elle l’a très bien exploité. »
Un tournoi de préparation pour la Coupe du Monde 2025 mais une compétition quand on la joue c’est pour la gagner. Cela passera par une victoire cet après-midi face à l’Irlande et pour une victoire contre notre meilleure ennemie : l’équipe d’Angleterre. Cette année c’est à Bordeaux que les françaises vont accueillir leurs homologues. Des anglaises favorites et qui font partie des 2 meilleures équipes mondiales. Un pronostic Inès, on va les battre cette année ? : « je ne me prononcerai pas ! lance la journaliste, en 2025 c’est une certitude mais cette année se sera difficile. »
Léa Champon dont nous avons parlé dernièrement sur notre site, ne sera pas de la partie sur ce 1er match, mais Inès à son avis sur la grenobloise : « quand j’ai lu votre article, je me suis dit que j’avais oublié qu’elle n’a que 20 ans. C’est une joueuse très athlétique, très rapide et qui, comme vous l’avez dit, découpe tout ce qui bouge. Je l’ai trouvé réellement solide lors du Women XV et cela dans un contexte pas facile avec une première cap, en Nouvelle-Zélande, loin de la maison. Cela promet pour 2025. Elle a encore le temps de progresser et elle sera certainement une joueuse sur qui il faudra compter. D’ailleurs, je pense la même chose de Ambre Mwayembe et d’Elisa Riffonneau qui sont des joueuses en devenir. »
L’avenir se prépare, dés maintenant, pour cette équipe de France qui vise haut et qui se donne les moyens de réussir. On a hâte de les retrouver sur la pelouse du stade Marie-Marvingt au Mans à 15h15 avec Inès Hirigoyen au cœur du match.
Propos recueillis par El_Presidente
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